Blog

La Légende du Pas de Soucy dans les Gorges du Tarn

Le 26/10/2013

 La Légende du Pas de Soucy

pas-de-souci.jpg

Etablie près de la fontaine de Burle, après avoir luttée contre la lèpre, Sainte Enimie aidée par la fortune des rois Clotaire et Dagobert, entreprend de fonder un monastère.
Bientôt les terrains sont acquis et une foule d'artisans se met à pied d'œuvre.

Or cela contrarie fort l'esprit des lieux, le génie du Tarn qu'on appelle le "Drac".
Esprit obscur, secret, insaisissable, le Drac hante les bords des torrents et des rivières. Il est le maître des eaux, le gardien des sources souterraines. Il libère le torrent qui dévaste les berges ou assagit sa course sous un ciel serein.

Séducteur, enjôleur, il surgit sous diverses apparences ; il peut se faire serpent, dragon, âne ou cheval noir dont le dos s'allonge démesurément. La bête câline à la croupe accueillante a tenté plus d'un enfant du pays... Mais arrivé au beau milieu des eaux, le canasson toujours se rebiffe : il caracole, se cabre et rue et précipite sa charge dans une gerbe d'éclaboussures... Pauvres cavaliers !

Les riverains ne sont pas les seules dupes du prince de l'illusion... Pour circuler en son domaine, le Drac se sert des gouffres et des avens qui éventrent le Causse. Il se glisse dans la moindre fissure, il arpente corridors et sombres labyrinthes sans qu'en surface, un signe trahisse sa présence.

Les bergers craignent de le voir happer une brebis ou de se sentir eux-mêmes saisis et entraînés dans les entrailles de la terre.

Sainte Enimie aussi doit affronter cette créature qu'elle imagine diabolique, au service de Lucifer.

Près de la source bénie, les travaux ont commencé. Le jour, la Sainte veille, mais la nuit appartient au démon. Le Drac surgit d'on ne sait où, ombre parmi les ombres, incarnation des forces indomptées, de son souffle brûlant, il réduit l'ouvrage à néant. Chaque nuit, il éventre le mur dressé, chaque aurore se lève sur un monceau de ruines.

La situation devient insoutenable. Sainte Enimie décide d'en finir avec ce compagnon de Satan.

Une nuit, elle prie, elle implore Dieu. A l'aube, elle obtient de lui le pouvoir d'enchaîner le Malin si celui-ci revient dans l'enceinte du couvent...

Le soir suivant, Sainte Enimie se poste. La lune luit d'un éclat bleuté. Soudain, le temps d'un battement de cils, le voilà. Il s'avance de son allure reptilienne, et ses yeux de braise décochent des éclairs aveuglants. Mais la Sainte ne se laisse point fasciner. D'un signe de croix, elle s'asperge d'eau bénite et s'élance ; elle fond sur le Drac qui déjà s'échappe et fuit le long du Tarn. A peine effleure t-il l'onde limpide des planiols.

Il connaît tous les détours, il sait tous les passages, il bondit dans le tumulte des ratchs sur la crête de l'écume et sa course soulève d'étranges bouillonnements, de sombres tourbillons de vapeur et de fumée qui aveuglent Sainte Enimie... Le Maudit parait se fondre entre lame argentée et voile de brume.
Epuisée, égarée, la Sainte tombe à genoux ; elle invoque les forces de la nature ; elle en appelle aux pierres : "A mon secours, Montagne, arrête-le.(1)"

le-pas-de-soucy.jpg

Du haut des falaises semble courir un long frisson et voilà que la pierre se fend, que la roche se fracture, que des blocs se disloquent et des pans entiers de paroi s'effondrent dans un terrible fracas, un tremblement de terre. Sur le Drac qui file, la rocaille s'abat mais il subit l'avalanche sans marquer de peine. Il va pour plonger dans l'un de ces gouffres, vestibule de sa demeure, lorsque l'énorme masse de la Roque-Sourde lui tombe dessus.

                            Vue du Pas de Soucy

pas-de-soucy.jpg

La Roche-Aiguille gênée dans sa descente par sa grande taille, encore à mi-pente crie :
"As-tu besoin de moi ma sœur ?
- C'est inutile, je le tiens bien !(1)
" répond la Sourde.
A cet instant, la Sainte voit le Drac pris au piège.
D'un geste, elle stoppe l'éboulement, et tous les rocs de s'immobiliser. Un ange passe. Le silence règne entre les falaises... Sainte Enimie a gagné.
C'est ainsi que depuis ce jour, si vous prêtez l'œil, vous verrez nombre de rochers penchés vers le vide comme le grand monolithe de l'Aiguille, haut de 80 m, qui semble encore contempler le Drac enseveli, stoppé net dans sa course au lieu-dit désormais : "Le Pas de Souci".

                                                 Le roc de l'aiguille

roc-de-l-aiguille-gorges-du-tarn.jpg

 

C'est depuis ce jour que "le Tarn s'engouffre sous ces blocs avec un bruit effroyable dans les grandes crues, puis remonte en gros bouillons et reprend son cours apparent, au milieu des brisants qui peu à peu disparaissent.(2)"

Pourtant au pays, certains disent, certains font circuler le bruit que le Drac, enseveli sous l'énorme poids de la Roque Sourde, réussit à se faufiler, réussit à se dégager et cahin-caha à rejoindre sa ténébreuse demeure dans l'attente de jours meilleurs.

(1) A. Bloch Raymond, J. Frayssenge, op-cit.
(2) E.-A. Martel, op-cit.

 

Les géologues voient dans le¨"Pas de Soucy" deux principaux éboulements d'âge très différent. Le plus ancien remonte aux temps préhistoriques. Il aurait été produit par la rupture d'une immense digue naturelle, retenant les eaux du Tarn prisonnières dans le cirque des Baumes. Le dernier au dire d'un grand nombre d'auteurs, aurait été causé par le tremblement de terre de l'an 580 qui, d'après St Grégoire de Tours, fit tomber d'énormes rochers dans les Pyrénées, et dont la commotion s'étendit aux pays voisins. D'autres éboulements plus ou moins importants, sont dus soit à l'action des eaux, soit aux variations de température.

Le tympan de Sainte-Foy de Conques

Le 12/10/2013

Le tympan

 

cliquez pour agrandir

Le tympan de Conques est consacré au Jugement dernier. Il date du XIIe siècle et se trouvait à l'origine à l'intérieur de l'église. Il n'a été placé à l'extérieur qu'au XVe siècle. Ceci explique qu'il reste quelques traces de polychromie.

         

Dans le registre supérieur, le Christ en majesté, au centre, cerclé d'une mandorled'influence byzantine, sépare les élus des damnés, conformément au texte de Saint Matthieu. L'irréversibilité de ce tri est marqué dans l'attitude du Christ : les élus sont désignés par sa main droite levée, tandis que les damnés sont repoussés par sa main gauche baissée. Il trône devant une grande croix. Au-dessus de lui, deux anges sonnent l'olifant pour annoncer la venue du Jugement.

cliquez pour agrandir

 

A droite du Christ, on trouve la Vierge, Saint Pierre (identifiable à ses clefs), Dadon (le fondateur de l'abbaye), l'abbé Bégon (sous l'abbatiat duquel s'est terminée la construction de l'abbatiale).

 

cliquez pour aller au paradis

 

Ce dernier tient Charlemagne par la main, ce qui rappelle la protection accordée par les rois carolingiens à l'abbaye. A leur suite on voit plusieurs saints, parmi lesquels on peut penser reconnaître (sans certitude absolue) Saint Jérôme, Saint Caprais (qui convertit Sainte Foy) et la soeur de Sainte Foy. A l'extrémité de ce registre, on aperçoit un petit personnage dont les pieds et la tête sont dans des directions opposées : il symbolise la possibilité de se convertir, offrant une solution aux pécheurs qui seraient effrayés par l'Enfer qui leur est présenté à droite. Au-dessus de cette suite de personnages, des anges tiennent des phylactères énumérant les quatre vertus cardinales : humilité, espérance, foi, charité.


          

A la gauche du Christ, on voit quatre anges. Un premier (en haut à gauche) tient le livre de vie, fermé de sept sceaux, qui ne devait s'ouvrir qu'au Jugement dernier. Un second (en bas à gauche) tient un encensoir. Les deux derniers empêchent les damnés d'aller vers le Christ.

cliquez pour voir l'ensemble

 

 

Au-delà s'ouvre l'Enfer. On distingue deux niveaux :

 

Dans le premier se trouvent un évêque et trois religieux : il s'agit d'un autre Bégon, évêque de Clermont, et ses trois neveux qui avaient pillé le trésor de Conques. Plus à droite, un hérétique allongé à la poitrine écrasée par un livre. Enfin, un faux-monnayeur se fait couler de l'or dans la gorge. Au niveau inférieur, on voit un roi nu et un ivrogne pendu par les pieds. La diversité des personnages présentés montre que la damnation n'épargne aucun pécheur, quelle qu'ait été sa puissance sur la Terre.


         

 

 

cliquez pour agrandir

Dans le registre intermédiaire, qui adopte une forme particulière (partie rose) on trouve, au centre, la représentation de la pesée des âmes, qui oppose Saint Michel au diable, ce dernier essayant de tricher en appuyant du doigt sur la balance (1).

 

A gauche, derrière Saint Michel, des tombeaux s'ouvrent progressivement, ce qui symbolise la résurrection des Justes (2).

cliquez pour agrandir

 

 

Dans la dernière partie, on voit Sainte Foy, les mains jointes, qui intercède pour les pécheurs.

 

cliquez pour agrandir

La main de Dieu, qui se tend vers elle, montre qu'elle sera exaucée (3). Enfin, à l'extrémitégauche se trouve une église avec les menottes des prisonniers que Sainte Foy a libérés (4).

 

A droite, derrière le diable, un démon mange le cerveau d'un pécheur dont la gorge est percée par un couteau, ce qui symbolise, selon les interprétations, la punition du suicide ou du péché de colère (5).

cliquez pour agrandir

 

On voit ensuite un démon musicien qui arrache la langue d'un homme pour le punir d'avoir détourné la musique sacrée à des fins profanes, ce qui constitue un blasphème (6).

 

cliquez pour voir l'ensemble

enfin, à l'extrémitédroite, un homme, probablement braconnier, est rôti à la broche par un lièvre (animal symbole de luxure) (7).

 

 

 

Le registre inférieur présente le Paradis (à gauche) et l'Enfer (à droite). Plusieurs éléments opposent les deux univers, qui sont séparés au centre par une cloison. Un ange accueille les Justes au Ciel. Une âme qui vient d'être sauvée se détache de la cloison. La porte du Paradis est arrondie, symbole de perfection, tandis que celle de l'Enfer est carrée. Dans l'encadrement de cette dernière se trouve d'un Léviathan, prêt à dévorer tous les damnés qu'un diablotin pousse dans sa gueule grande ouverte.

 

cliquez pour voir le paradis

 

Au Paradis, sous les six arcatures qui représentent la Jérusalem céleste, on voit de gauche à droite : les vierges sages qui tiennent des chandelles et un livre ; deux saintes qui tiennent des parfums ; deux personnages qui tiennent un calice ; Abraham accompagné de deux âmes ; des prophètes dans les deux dernières arcatures.

 

          L'Enfer est autrement plus animé et il a enflammé l'imagination des sculpteurs, bien plus que le Paradis. Après le Leviathan, on aperçoit un chevalier passant par-dessus son cheval : c'est à la fois un symbole d'orgueil (car le chevalier est allé au-delà de ses possibilités) et, plus localement, une représentation de Raymond d'Aubin, un détrousseur de moines.

 
cliquez pour agrandir

 

Plus à droite, une femme nue est enchaînée avec un autre homme. Là encore, on trouve une interprétation locale : le seigneur Hector avait fait scandale, le jour de la Sainte Foy, en étant surpris avec une femme adultère. Dominant la scène le Diable en majesté, un serpent entre les jambes, repose ses pieds sur damné allongé, symbolisant la paresse. Plus loin, un avare est pendu avec sa bourse autour du cou. En-dessous, un homme a la langue arrachée, en punition de ses médisances. Un autre cuit dans une marmite, sanctionné pour sa gourmandise.

 

Le linteau comporte une inscription à l'adresse des pèlerins : "Pécheurs, si vous ne réformez pas vos moeurs, sachez que vous subirez un jugement redoutable". 
Sur l'arc extérieur du tympan apparaît une frise de curieux dont 14 sont identiques. Le 15e, au sommet, est plus gros. Le chiffre 14 représente deux fois l'un des chiffres bibliques de la perfection, le 7.

 

Lien externe
- d'autres informations sur le site www.tympan-conques.webou.net
Dans Le Tarn

La Cathédrale Sainte Cécile Albi Tarn

Le 06/10/2013

Vidéo de PATRICK LOSTCATHARE

La cathédrale Sainte-Cécile, classée depuis le 31 juillet 2010 sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, est aujourd'hui l'une des cathédrales les plus visitées de France

Montpellier-le-Vieux sur le Causse Noir Sud Aveyron

Le 06/10/2013

Venez découvrir au cours d'une extraordinaire promenade, cet univers insolite de roches aux formes étranges. L'eau, le vent et le temps ont sculpté cette cité fantastique dans la pierre grise
Montpellier-le-Vieux est un chaos rocheux ruiniforme sur le Causse Noir, bordé au sud par les Gorges de la Dourbie, situé au nord-est de Millau, assez près du célèbre viaduc, sur la commune de La Roque-Sainte-Marguerite.
La roche est de la dolomite. Le Chaos couvre 120 ha.
L'imagination des visiteurs voit dans les roches des similitudes avec des fortifications en ruines et leur donne des noms rappelant la mythologie. Chacun veut se faire photographier sous la porte de Mycène, grande arche de pierre.
C'est dans le chaos de Montpellier-le-Vieux que Gérard Oury a tourné la fameuse scène de La Grande Vadrouille où Louis de Funès monte sur le dos de Bourvil alors qu'ils sont déguisés en soldats allemands.